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Art contemporain : les oeuvres d'art à « histoire » séduisent les collectionneurs

Les ventes de printemps à New York cette semaine ont mis en lumière l'attirance des acheteurs vers des tableaux et des sculptures qui racontent des histoires. Christie's et Sotheby's ont su les mettre en scène.

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Par Judith Benhamou

Publié le 13 mai 2016 à 01:01

Vitrine du marché mondial, les ventes d'art moderne et contemporain de New York chez Christie's et Sotheby's, en mai et en novembre, sont devenues, à tort ou à raison, un baromètre de l'état d'esprit des acheteurs. « Nous nous focalisons désormais sur des "histoires" fascinantes », souligne ainsi Grégoire Billault, le directeur du département art contemporain de Sotheby's New York. Il explique que si « les volumes de transactions sont en baisse, les oeuvres de qualité enregistrent toujours une demande importante ».

Par « histoires », Grégoire Billault entend, par exemple, ce double autoportrait de Francis Bacon, exposé seulement deux fois et resté dans la même collection depuis sa création en 1970. Estimé 22 millions de dollars, il a atteint 34,9 millions de dollars le 11 mai sous le marteau de Sotheby's. Autre exemple, chez Christie's cette fois, le prix le plus spectaculaire de sa vente du 8 mai (17,189 millions de dollars) a été obtenu pour une oeuvre d'une des stars des années 2000, l'Italien Maurizio Cattelan (né en 1960).

Choix précis de lots

« Him », une sculpture créée en 2001, montre un petit garçon agenouillé de dos. Le spectateur qui s'approche reconnaîtra cependant une image choc : le visage d'Hitler. En l'occurrence, le pari gagnant de la maison détenue par la famille Pinault est celui d'un choix précis de lots dans l'air du temps et correspondant à des marchés ciblés. Ce qui fait dire à Brett Gorvy, le patron du département art contemporain de Christie's au niveau mondial, que « malgré l'attente des journalistes qui cherchent à prédire une catastrophe, les amateurs d'art, eux, espèrent que le marché restera solide ».

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En témoigne la vente dite « de prestige » le 10 mai, qui proposait 60 lots, dont 52 ont trouvé preneur pour 318,3 millions de dollars. Pas moins de 11 oeuvres de Calder étaient mises en vente ce soir-là. Pour Brett Gorvy, « les amateurs cherchent à être rassurés sur la valeur des artistes. Chez Alexander Calder, les prix montent régulièrement et ils sont encore relativement bas. A l'heure actuelle, en dessous de 5 millions de dollars, la demande mondiale potentielle est large. On peut l'estimer à environ 2.000 personnes. » L'adjudication la plus élevée pour un Calder dans cette vente a été de 5,7 millions de dollars.

Rassurer sur la valeur des artistes

Le lot le plus attendu, une peinture de 5 mètres de long de Jean-Michel Basquiat de 1982, a, elle, atteint le prix record de 57,2 millions de dollars. Le tableau a été acquis par le collectionneur japonais Yusaku Maezawa, propriétaire de la société de vente de vêtements sur Internet, Zozotown. En 1996, la même oeuvre avait été vendue par le marchand privé de New York Alejandro Carosso pour 180.000 dollars. Une plus-value exceptionnelle en vingt ans pour l'artiste qui a commencé par peindre dans la rue. Le même soir, une toile abstraite blanche de l'Américain Robert Ryman (né en 1930), qui appartenait au producteur français Thomas Langmann, fils du grand collectionneur et réalisateur Claude Berri, a été adjugée dans son estimation pour 9,3 millions de dollars. Le 11 mai, la vente dite « de prestige » de Sotheby's a, elle, rapporté 242 millions de dollars, avec 95 % des lot vendus.

Sotheby's et Christie's proposaient chaque jour cette semaine, et pour la première fois, un large éventail de ventes aux enchères dans le domaine à la fois de l'art moderne et contemporain. A cela, s'est ajouté un événement organisé par Christie's en inauguration de ces enchères marathons, appelé vente « curatée » (organisée comme une exposition) et qui s'est déroulé le dimanche 8 mai.

Dans leur ensemble, ces ventes modernes et contemporaines doivent rapporter chez Sotheby's et Christie's un peu plus de 1 milliard de dollars d'ici au vendredi 13 mai. A titre de comparaison, en mai 2015, la vente « curatée » et la vente d'art contemporain dite « de prestige » (du soir) de Christie's rapportaient à elles seules 1,3 milliard de dollars. Cette saison, les deux maisons se sont clairement adaptées à l'époque secouée économiquement et politiquement, se repliant avec prudence, refusant des oeuvres qui étaient soit trop chères soit pas assez « désirables » pour la demande. « Nous avons clairement une stratégie de prudence. Nous devons composer avec un contexte économique qui n'a rien à voir avec l'an dernier », admet Brett Gorvy.

Sotheby's et Christie's ont pris au sérieux leur responsabilité de « vitrine » du marché contemporain. Une stratégie gagnante pour leur image, pour les collectionneurs mais aussi pour l'activité future des marchands privés.

Judith Benhamou-Huet

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