Adieu crayons et papier ! Les artistes contemporains réinventent le dessin

Adieu crayons et papier ! Les artistes contemporains réinventent le dessin
Sandra Vásquez de la Horra, Inside Pacha-Mama, 2022, graphite et aquarelle sur papier, cire, 135 x 180 cm, oeuvre unique, 50 000 €. Courtesy Bendana I Pinel Art contemporain

Le Salon du dessin, Drawing Now Art Fair et DDessin sont l’occasion de dénicher des « curiosités » graphiques, techniques ou supports rares. Des pépites contemporaines à des prix abordables qui sont des investissements à long terme.

« Le dessin contemporain est devenu autonome à partir d’une exposition de Bernice Rose en 1975 au MOMA « Drawing Now : 1955-1975 ». On a considéré que ce n’était plus un support secondaire, un croquis, une étude pour réaliser une peinture, mais une œuvre d’art à part entière », rappelle le restaurateur de papier et consultant en conservation préventive Antonio Mirabile. « Le dessin ne relève pas seulement de techniques traditionnelles – aquarelle, pastel ou encre sur papier Canson®. Il brouille les paramètres du marché en donnant accès à tous les medium », ajoute Joanna P.R. Neves, directrice artistique de la foire Drawing Now Art Fair.

Papier de roseau ou grattage sur photo

Ce marché de niche est l’occasion de débuter une collection de curiosités contemporaines. En premier lieu des œuvres sur des papiers inhabituels, à découvrir chez DDESSIN : série Croisières au crayon sur papier calque de l’artiste cubaine Cristina Escobar à la Galerie Olivier Waltman (1500 à 2500 €) sur le thème de l’exil ; dessin écologique sur papier de typha -roseau qui envahit l’embouchure du fleuve Sénégal – de la plasticienne française Emma Picard, lauréate du prix DDessin 2022 (représentée par la galerie Dupré, 600 à 1000 €) ; techniques mixtes sur papier de récupération du dessinateur d’art brut iranien Mehrdad Rashidi, l’un des trois artistes nommés pour la 16e édition du Prix de dessin de la Fondation Daniel & Florence Guerlain exposé au Salon du dessin (représenté par la Henry Boxer Gallery). Une autre tendance est celle du dessin sur papier photo, à l’instar de Raphaëlle Peria à la galerie Claudine Papillon (Drawing Now) qui gratte la surface de photographies à l’aide d’outils de gravure pour faire surgir de nouvelles formes (3.000 à 6.000€).

Raphaëlle Peria, Parc de la Bouvaque #2, Parc de la Bouvaque #3, 2022, grattage sur photographie, 80 x 60 cm. Courtesy Galerie Papillon

Raphaëlle Peria, Parc de la Bouvaque #2, Parc de la Bouvaque #3, 2022, grattage sur photographie, 80 x 60 cm. Courtesy Galerie Papillon

Dessiner sans crayon

Les belles feuilles sont le support de techniques inattendues, tels que les origamis de papier de soie mêlé à des pierres (malachite, azurite…) de la plasticienne chinoise Wang Jing à la Galerie Post-Flamand-Dalian chez DDessin (1485 à 4000 €). Drawing Now aussi met en avant plusieurs créateurs qui renouvellent le genre des arts graphiques : en un geste d’une violente beauté, Stéphane Thidet écrase des fleurs au marteau sur du papier : (Printemps, 1800 à 3500 €, galerie Aline Vidal), l’artiste japonais Keita Mori « dessine » sans crayon, traçant des lignes avec du fil de soie ou de coton qu’il fixe avec un pistolet à colle sur papier, sur toile ou directement sur les murs (galerie Catherine Putman, 1300 à 3800 €).

Keita Mori, Bug report (flux) (BR_22_11_10_a), 2022, fil de coton, de soie, de cuivre, tissu sur papier, 106 x 76 cm, 3800 €. Courtesy Galerie Catherine Putman

Keita Mori, Bug report (flux) (BR_22_11_10_a), 2022, fil de coton, de soie, de cuivre, tissu sur papier, 106 x 76 cm, 3800 €. Courtesy Galerie Catherine Putman

Quant à la chilienne Sandra Vásquez de la Horra, elle conçoit des œuvres graphiques enduites de cire d’abeille : maisons tridimensionnelles, leporellos et dessins sculpturaux qu’elle a exposés à la Biennale de Venise en 2022. « L’évolution des prix de l’artiste est très lente : 100% en dix ans. Même si ses œuvres font partie de collections importantes (MOMA, Centre Pompidou, Tate Collection, etc.) la fourchette de prix reste raisonnable, entre 4 500 et 50 000 € », note sa galerie Bendana|Pinel Art Contemporain qui l’expose à Drawing Now.

L’art du trait sculpté

Elle n’est pas la seule à donner du volume au papier pour en faire des sculptures, voire des installations. « Nombreux sont les artistes qui travaillent avec le papier en 3D : Li Hongbo, Claire Morgan, Isaac Salazar, Guy Laramee, Rune Guneriussen, Sakir Gökcebag… », rappelle Antonio Mirabile. À DDessin, la Galerie Cécile Dufay présente d’extraordinaires masques en papier colorés et fils de laiton de l’artiste franco-italo-camerounaise Barbara Asei Dantoni réalisés lors de sa résidence à la Bandjoun Station (Cameroun) créée par Barthélémy Togo (3000 à 3500 €).

Claire Fanjul, Sphère Utopia, Sphère Céleste Constellations chinoises, Posca et bois de tilleul, , diamètre 20 cm, 2019. Courtesy Galerie Olivier Waltman

Claire Fanjul, Sphère Utopia, Sphère Céleste Constellations chinoises, Posca et bois de tilleul, diamètre 20 cm, 2019. Courtesy Galerie Olivier Waltman

A Drawing Now, la galerie Analix Forever met en avant la « magicienne » hongroise Eva Magyarosi, conceptrice de décors de théâtre en papier cartonné, de grands dessins sur papier de soie et d’installations de textile et de papier (800 à 5000 €). L’art du trait peut même s’appliquer à tout autre chose qu’au support papier : témoin Claire Fanjul, représentée par la galerie Olivier Waltman à DDessin, qui dessine au feutre sur des objets en trois dimensions comme des œufs d’autruches, des crânes en céramiques ou des sphères de bois. Une « échappée belle » qui libère les formes et décloisonne les disciplines.

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