Rappelons nous la “panique” de mars 2020, la fermeture des galeries, des maisons de ventes et l’arrêt ponctuel des enchères puis la mise en place des transactions digitales : entre 2019 et 2020, le marché de l’art contemporain plongeait de 34%. Depuis il s'est bien remis. Il a même flambé au point de doubler en un an et d'inscrire son record historique, à 2,7 milliards de dollars. Avec son lot de surprises. Et notamment ces trois noms : Basquiat, Bansky et Nara. Les deux premiers sont familiers de la plupart des amateurs occidentaux. Mais le troisième leur est bien souvent encore inconnu. Ces trois artistes sont les stars du secteur, celles dont les ventes ont atteint les montants les plus élevés aux enchères en 2020. Et ils figurent en bonne place parmi les dix artistes de tous les temps pour leurs ventes, aux côtés de -excusez du peu ! - Picasso, Botticelli ou Claude Monet !
Basquiat, Bansky et Nara parmi les 10 artistes les plus vendus aux enchères, à coté de Picasso, Botticelli et Monet...
Parmi les 10 premiers
Jean-Michel Basquiat, star afro-américaine décédée en 1988, est le Picasso de l’art Contemporain. Il pèse à lui seul 14% du chiffre d’affaires mondial du secteur, avec 385,8 millions de dollars, pour 164 lots. Son record ? In This Case, vendu à New York pour 93 millions de dollars. Bansky, lui, est, à 47 ans, une gloire nationale britannique. Toujours incognito, l’artiste fait partie des cinq signatures les plus recherchées, toutes périodes confondues, avec un volume d’affaires de 181 millions de dollars, soit… 7% du marché mondial. Son record, en 2020 ? 23,2 millions de dollars pour sa toile Game Changer (2020), qui montre un jeune garçon délaissant son Batman et son Superman pour jouer avec une figurine de superinfirmière. La cote de Yoshitomo Nara est, elle, principalement soutenue par le public asiatique, qui apprécie son esthétique manga, avec un produit des ventes dépassant les 137 millions de dollars, qui pèse désormais 5% du produit des ventes mondiales. Le prix de ses œuvres a doublé en deux ans.
Sur les 100.000 œuvres recensées par le rapport Artprice/Artmarket sur l’Art Contemporain, quatre sur dix sont des peintures. Un medium qui représente 82% des ventes de plus d’un million de dollars, ce qui prouve que le secteur est dominé par quelques grands noms qui tirent la moyenne des prix vers le haut. Alors qu’en fait, la plupart des œuvres sont vendues à un prix raisonnable : la moitié à moins de 1.000 dollars, et 90 % à moins de 20.000 dollars.
Rapport sur l'art contemporain 2021. Les dix premiers artistes mondiaux pour le montant de leurs ventes au enchères.
Audacieuse Hong Kong
40%, c’est aussi, la part des ventes qui se font en Asie, notamment à Hong Kong, devenue la deuxième place mondiale du marché de l’art contemporain derrière New York. "Les performances époustouflantes de l’ancienne colonie britannique reposent sur l’action menée sur place par Christie’s, Sotheby’s, Phillips, Poly et China Guardian, dont les sessions hongkongaises sont bien plus audacieuses que par le passé", décrypte Thierry Ehrmann, fondateur d’Artprice, à l'origine de ce rapport sur l'art contemporain.
Avec une énorme surprise, puisqu’on y assiste à la montée d’un artiste occidental parmi les trois artistes les plus appréciés du marché asiatique : Jean-Michel Basquiat. Avec 118,2m$ d’œuvres vendues en 12 mois, il figure en numéro deux des ventes en Asie, derrière Yoshitomo Nara, l’artiste japonais le plus apprécié de la génération Manga. En mars 2021, un acheteur asiatique a fait monter le prix d’une œuvre de Jean-Michel Basquiat, Warrior (1982) à 41,6 millions de dollars, lors d’une vente à Christie’s Hong Kong, record absolu pour une œuvre contemporaine en Asie.
Rapport sur l'Art contemporain 2021 : les ventes mondiales explosent, mais la part de la France n'y est que de... 4%!
La France à l'écart
L’Asie est bien, désormais, la première place mondiale pour ce segment de l’art, devant les Etats-Unis (32%) et la Grande-Bretagne (16%). Et la France dans tout cela ? Elle est tombée loin derrière, avec une très modeste part de marché de 2,2%. Une conséquence des taxes qui frappent, dans notre pays, les ventes aux enchères. Paris reste un peu à l’écart de l’essor des nouveaux prodiges de l’art. Même si de jeunes artistes y trouvent quand même un tremplin pour un carrière internationale, comme la peintre Claire Tabouret, représentée par les galeries Almine Rech et Emmanuel Perrotin.
Mais le marché français est loin d’être moribond : il est même le troisième au monde pour le nombre de ses transactions : plus de 10.000, certes à petit prix, puisque huit œuvres sur dix s’échangent à moins de 5.000 dollars. Trois œuvres seulement y ont dépassé le million : deux sculptures de François-Xavier & Claude Lalanne et une peinture de Günther Förg. A comparer à 123 aux États-Unis et 57 au Royaume-Uni. Il reste qu’avec seulement 60 millions de dollars d’œuvres vendues à Paris, la France fait figure de Lilliputien dans un marché devenu vraiment global…