Les histoires qui se cachent derrière les plus grandes œuvres d'art classique

De la naissance de Vénus à l'énigme du Sphinx, voici les histoires qui se cachent derrière certaines des plus grandes œuvres du classicisme.

Titien, Bacchus et Ariane (1522-1523), huile sur toile. Image du domaine public (détail).
Titien, Bacchus et Ariane (1522-1523), huile sur toile. Image du domaine public (détail).

La Haute Renaissance a été marquée par un regain d’intérêt pour l'Antiquité, en partie grâce à la redécouverte d'anciens textes latins et grecs. La résurgence de la culture gréco-romaine a donné naissance au classicisme, un mouvement caractérisé par les principes, les styles et l'esthétique de l'Antiquité classique. De la Haute Renaissance de la fin du XVe siècle au mouvement néoclassique du début du XIXe siècle, les thèmes et les principes classiques ont été considérés comme faisant partie intégrante des Lumières et de l'intellectualisme européens.

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Cette période a également été marquée par l'omniprésence d'éléments et de récits mythologiques dans l'art. Des artistes comme Botticelli et Ingres ont consacré leur talent à représenter des événements célèbres de la mythologie grecque et de l'histoire romaine, créant ainsi certains des tableaux les plus célèbres de l'histoire. Voici les récits qui se cachent derrière certains de ces chefs-d'œuvre :

Sandro Botticelli, La naissance de Vénus (vers 1484-1486)

Sandro Botticelli, La naissance de Vénus (vers 1484-1486), tempera sur toile. Galerie des Offices, Florence. Photo dans le domaine public
Sandro Botticelli, La naissance de Vénus (vers 1484-1486), tempera sur toile. Galerie des Offices, Florence. Photo dans le domaine public

Peinte en 1484-1486, La Naissance de Vénus de Botticelli représente Vénus, la déesse de l'amour, debout et nue dans une coquille Saint-Jacques géante alors qu'elle émerge de la mer. La composition s'inspire de la mythologie classique, selon laquelle la déesse est née de l'écume de mer. La légende veut que le dieu Uranus ait eu un fils nommé Cronus, qui, dans un acte de rébellion, a renversé son père, l'a castré et a jeté ses organes génitaux coupés dans la mer. Cet événement inhabituel a entraîné la fécondation de l'océan, qui a finalement donné naissance à Vénus. Après sa naissance miraculeuse, Vénus est transportée sur un coquillage jusqu'au rivage par les dieux du vent, Zephyrus et Aura. Le tableau de Botticelli capture le moment où elle arrive sur le rivage, où elle est accueillie par une nymphe qui la drape d'un manteau. La nymphe est considérée comme l'une des Heures, les accompagnatrices mythiques de Vénus et les déesses associées aux saisons. Sa robe fleurie suggère qu'elle est la déesse du printemps.

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Le mythe de la naissance de Vénus est traité dans de nombreux textes anciens et, par conséquent, il n'existe pas de texte unique qui puisse expliquer complètement l'imagerie précise de la peinture. Cela a conduit les historiens de l'art à proposer diverses interprétations. En général, on pense que Botticelli représente Vénus comme l'incarnation de la grâce et de l'amour, et que son traitement du sujet souligne sa rupture avec l'art gothique en utilisant la mythologie classique d'une manière innovante.

Raphaël, L'École d'Athènes (1511)

Raphaël, L'École d'Athènes (1511), fresque. Stanza della Segnatura, Palazzi Pontifici, Vatican. Photo dans le domaine public
Raphaël, L'École d'Athènes (1511), fresque. Stanza della Segnatura, Palazzi Pontifici, Vatican. Photo dans le domaine public

Peinte comme une fresque en 1511 dans le palais apostolique du Vatican, l'École d'Athènes de Raphaël représente une réunion des principaux philosophes, mathématiciens et scientifiques de la Grèce Antique. Raphaël a inclus plusieurs philosophes, tels que Pythagore, Euclide, Héraclite et Diogène, chacun représentant différentes écoles de pensée et traditions intellectuelles. Les deux figures centrales de la fresque sont Platon, à gauche, et Aristote, son élève, à droite. Les deux philosophes sont représentés avec des copies de leurs œuvres fondamentales : Platon, le Timée, et Aristote, l'Éthique nichomachéenne. Dans un geste symbolique, Platon pointe vers le haut, tandis qu'Aristote fait un geste vers le bas. On pense généralement que la position de leurs mains symbolise les disparités centrales de leurs philosophies : l'accent mis par Platon sur le domaine métaphysique et l'accent mis par Aristote sur le monde physique.

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La culture et la civilisation classiques ont constitué l'une des principales forces motrices de la Renaissance italienne, et l'École d'Athènes de Raphaël résume cette idée, incarnant de manière vivante l'importance accordée par l'humanisme à l'apprentissage classique et le désir de relier l'antiquité à la culture actuelle.

Nicolas Poussin, Enlèvement des Sabines (1634-8)

Nicholas Poussin, Enlèvement des Sabines (1633-34), huile sur toile. Collection de peintures européennes, Metropolitan Museum of Art, New York. Photo dans le domaine public
Nicholas Poussin, Enlèvement des Sabines (1633-34), huile sur toile. Collection de peintures européennes, Metropolitan Museum of Art, New York. Photo dans le domaine public

Comme le raconte l'historien romain Tite-Live, dans les premiers temps de Rome, peu après sa fondation vers le milieu du VIIIe siècle avant J.-C., un groupe de femmes sabines a été enlevé. À l'époque de la fondation de Rome, la population était principalement composée de Latins et d'Italiens, pour la plupart des hommes. Romulus, le premier roi de Rome, se préoccupa d'assurer la croissance future de la ville. Sur les conseils du Sénat, les Romains se rendirent dans les villes voisines à la recherche d'épouses potentielles. Cependant, les négociations avec d'autres gouvernements, dont les Sabins, n'aboutissent pas. Les Romains conçoivent alors un plan pour enlever les Sabines lors de la fête de Neptune Equester. Au cours de cette fête, Romulus fit signe à ses hommes et les Romains s'emparèrent des Sabines.

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Le tableau de Nicolas Poussin L'enlèvement des Sabines, réalisé vers 1633-1634, saisit le moment où Romulus lève son manteau en guise de signal et où les guerriers s'emparent des femmes. L'œuvre de Poussin n'est pas la seule peinture sur cet événement ; en fait, le récit a été un sujet récurrent pour les peintres et les sculpteurs, en particulier pendant la Renaissance et les époques suivantes.

Claude Lorrain, Les Troyennes mettent le feu à leur flotte (1643)

Claude Lorrain, Les Troyennes mettent le feu à leur flotte (1643), huile sur toile. Collection de peintures européennes, Metropolitan Museum of Art. Photo dans le domaine public
Claude Lorrain, Les Troyennes mettent le feu à leur flotte (1643), huile sur toile. Collection de peintures européennes, Metropolitan Museum of Art. Photo dans le domaine public

Les Troyennes mettent le feu à leur flotte de Claude Lorrain, peint en 1643, dépeint un événement bien connu de l'Énéide de Virgile. Épuisées par les années passées à voyager en mer après la chute de Troie, les Troyennes exilées, poussées par la déesse grecque et saboteuse Junon, mettent délibérément le feu à la flotte troyenne, afin d'empêcher les hommes d'entreprendre d'autres voyages et de les forcer à s'installer en Sicile. Les nuages lointains et la pluie à l'arrière-plan du tableau préfigurent l'orage qui finira par éteindre les flammes, un orage envoyé par Jupiter à la suite des prières d'Énée.

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Ce tableau a été commandé par le cardinal Girolamo Farnese, un prélat revenu à Rome en 1643 après des années de service à l'étranger pour combattre le protestantisme au nom du pape.

Jacques-Louis David, Serment des Horaces (1785)

Jacques-Louis David, Serment des Horaces (1784-1785), huile sur toile. Les Salles rouges, Musée du Louvre. Photo dans le domaine public
Jacques-Louis David, Serment des Horaces (1784-1785), huile sur toile. Les Salles rouges, Musée du Louvre. Photo dans le domaine public

Le Serment des Horaces de Jacques-Louis David, achevé en 1785, est l'un des exemples les plus emblématiques de la peinture néoclassique. Le tableau représente une scène de la légende romaine, relatée par l'historien Tite-Live, qui relate les guerres entre Rome et Alba Longa en 669 avant J.-C. Plutôt qu'une bataille à grande échelle entre les armées des deux villes, un accord est conclu : trois hommes de chaque ville s'engageront dans le combat. Rome choisit trois frères de la famille des Horatii, tandis qu'Alba Longa choisit trois frères de la famille des Curiatii.

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Dans le tableau, les trois frères Horatii, qui ont volontairement choisi de sacrifier leur vie pour le plus grand bien de Rome, tendent leurs mains vers leur père qui leur présente des épées. Au cours du combat, un seul des frères sortira vainqueur, après avoir vaincu tous les frères Curiatii. Le tableau représente également les sœurs Horatii, à droite, visiblement désemparées. L'une des sœurs, Camilla, est fiancée à l'un des combattants Curiatii. Après le combat, son frère, voyant Camilla pleurer son ennemi tombé au combat, la tue à son tour.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Œdipe et le Sphinx (1808)

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Œdipe et le Sphinx (1808), huile sur toile. Département des peintures du Louvre, Musée du Louvre, Paris. Photo dans le domaine public
Jean-Auguste-Dominique Ingres, Œdipe et le Sphinx (1808), huile sur toile. Département des peintures du Louvre, Musée du Louvre, Paris. Photo dans le domaine public

Œdipe et le Sphinx, de Jean-Auguste-Dominique Ingres, illustre la rencontre dramatique entre Œdipe, le roi grec mythique de Thèbes, et le Sphinx, racontée dans une scène de la pièce de Sophocle, Œdipe roi. Dans cette tragédie, Œdipe accomplit une prophétie selon laquelle il finira par tuer accidentellement son père et épouser sans le savoir sa mère, provoquant ainsi la destruction de sa ville et de sa famille. Au cours de son voyage, Œdipe rencontre le Sphinx, une créature malveillante qui tourmente la ville en posant une énigme aux passants et en dévorant ceux qui ne parviennent pas à la résoudre. L'énigme est la suivante : « Qu’est-ce qui marche sur quatre pieds le matin, deux l'après-midi et trois la nuit ? ». Œdipe, le premier à réussir à résoudre l'énigme, répond que c'est l'homme : « Quand il est bébé, il marche à quatre pattes ; quand il est adulte, il marche sur deux jambes, et quand il est vieux, il se sert d'une canne ». 

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Ingres a commencé à peindre ce tableau en 1806 à Rome, alors qu'il travaillait à la Villa des Médicis, mais il ne l'a pas achevé avant plusieurs années. En 1825, il reprend l'œuvre en modifiant la pose du Sphinx et en ajoutant les restes humains dans le coin inférieur gauche. Il expose l'œuvre achevée au Salon de 1827.

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